C’est en 1956 que le révérend Sik Koe Chum fonde la « Sao-Lim Athletic Association of Penang » afin d’y enseigner le Sao-Lim Hood Khar Paï. A cette époque, la vie en Malaisie est encore très rude et la capacité à assurer sa défense personnelle (spécialement pour les moins fortunés) peut être vitale. Dans ce contexte l’école acquiert rapidement une solide réputation ; d’abord pour la qualité de ses combattants, mais également pour son rôle social sur l’île de Penang et plus particulièrement au sein de la communauté chinoise.
Après le décès du moine Sik Koe Chum, Maître P’ng est nommé chef instructeur de l’association (place qu’il conservera plus trente années durant), il assure la formation de dizaines d’instructeurs, qui eux-mêmes voient défiler des milliers d’élèves dans l’atmosphère suffocante de l’école. L’entraînement y est dur et austère, mais poussés par la nécessité, les élèves s’y astreignent cinq à six fois par semaine. Une grande importance est dévolue aux endurcissements (qui demeurent aujourd’hui encore emblématiques de l’école). Puis viennent les exercices de base (centrés sur les positions notoirement basses de ce style), suivis de la pratique des taos. Le travail avec partenaire est soigneusement structuré afin de limiter les effets dévastateurs que produisent des membres endurcis à l’extrême en cas de défaillance d’un des protagonistes.
Il est intéressant de noter qu’à cette époque où l’aptitude au combat peut être une question de vie ou de mort, les taos constituent l’essentiel de l’entraînement.
Dans les années 80-90 la Malaisie connaît une forte croissance économique, génératrice de prospérité et d’un adoucissement certain des mœurs. La capacité à se défendre n’étant plus une nécessité absolue, la jeunesse locale se détourne peu à peu des arts de combat traditionnels au profit d’activités récréatives offertes par la société moderne. Les effectifs s’étiolent et rares sont désormais les candidats à l’abnégation, désireux de suivre la trace des anciens.
Jusqu’au décès de Maître P’ng en 2010, la « Sao-Lim Athletic Association of Penang » demeure une des écoles les plus actives de l’île. Toutefois, les élèves de la nouvelle génération sont le plus souvent animés par des motivations d’ordre sportif, culturel ou social qui ne permettent guère d’endurer un entraînement aussi rigoureux qu’autrefois. Mais, bien entendu, chaque génération apporte son lot de pratiquants hors normes, qui trouvent dans le Sao-Lim une voie d’accomplissement répondant à leur quête de progrès et d’absolu.
Suivant un schéma assez classique dans ces circonstances, le décès abrupte de Maître P’ng en décembre 2010 est suivi d’une période de querelles intestines au sein de l’association. Ces troubles engendrent une scission du collège des instructeurs dont une partie estime préférable de créer une nouvelle structure associative qui s’installe à Ayer Itam, en périphérie de Georgetown toujours sur l’île de Penang.
C’est le 28 décembre 2012 que la Penang Sao Lim Traditional Martial Arts Recreation Association ouvre officiellement ses portes en présence de nombreux invités venus la soutenir (notamment Tan Sri Lim Gait Tong neveu du moine Sik Koe Chum).
Les fondateurs de cette nouvelle organisation, Koay Ah Kean, Saw Chooi San et Ong Ming Thong unissent des qualités de loyauté, de sagesse et de discernement à une connaissance profonde du SaoLim et à des compétences martiales indéniables. Avec l’aide de Ho Beng Chong, Ong Leong Kim et d’autres instructeurs encore, ils assurent aujourd’hui la transmission du SaoLim traditionnel et pérennisent l’enseignement de Maître P’ng Chye Khim.