San Ti Shi – la « position de la trinité » ou des « trois essentiels » – est la porte d’entrée de la plupart des styles de Hsing-I. Ce nom proviendrait de la trinité Ciel (Yang), Terre (Yin) et Homme (né de l’énergie issue de ces deux pôles).
Cette position, bien que pouvant varier légèrement d’une écoles à l’autre, donne sa silhouette caractéristique au pratiquant de Hsing-I. Elle réorganise son schéma corporel profond en imposant une rigoureuse architecture organique.
Le maintient prolongé de cette position constitue à la fois l’exercice le plus élémentaire du Hsing-I (renforcement musculaire, enracinement, garde de base, etc.) et le plus évolué du système en devenant – pour le pratiquant de haut niveau – un outil de cultivation de l’énergie interne.
Le Hsing-I attribut une place prépondérante à la structure interne du corps qui doit établir une ligne de force entre le sol et la cible par le relai de différents arcs-boutant (jambes, bassin, dos, bras…), le corps convoie l’énergie cinétique produite par le déplacement du centre de gravité jusqu’à l’adversaire. La difficulté réside dans le fait de conserver une structure parfaitement porteuse sans entraver la liberté de mouvement, donc de la réorganiser en permanence.
La répartition du poids corporel (majoritaire sur la jambe arrière) est conçue pour des déplacements dynamiques, la jambe avant conserve cependant suffisamment de poids pour servir de « gâchette », à peine est-elle soulevée que le corps part en avant, la jambe arrière peut alors propulser le corps linéairement en bénéficiant de la gravité comme vecteur d’accélération.
San Ti ne doit pas être inerte, le mouvement est présent dans l’immobilité comme le courant de la rivière sous le reflet de la lune – il fait partie intégrante de la posture, les articulations sont déverrouillées, les muscles alertes, l’esprit en éveil.
Au commencement les pieds sont joints, le droit s’ouvre à environ 45°, tandis que le gauche avance de deux fois et demi sa propre longueur, le pied arrière reçoit 70 % du poids du corps et le pied avant les 30 % restant. La main gauche est placée devant le nez à la verticale du pied avant, le bras est étendu sans être tendu coude pointé vers le bas. La main droite est maintenue devant le nombril, paume vers le bas.
Le Hsing-I possède une longue liste de recommandations imagées que le pratiquant doit mettre en oeuvre durant les différentes phases son entraînement, notamment dans son travail de San Ti. Ces indications sont précieuses mais doivent être utilisées avec pondération pour ne pas tomber dans une démarche excessivement intellectuelle au détriment du ressenti corporel.
Les cinq attitudes :
- Les pattes de la poule : Une jambe supporte fermement le corps tandis que l’autre est prête à agir rapidement.
- Le corps du dragon : Le corps est divisé en trois segments – du talon jusqu’au genou, du genou jusqu’à la taille et de la taille à la tête. Ces trois segments forment un ensemble homogène.
- Les épaule de l’ours : Les épaules sont tombantes, légèrement poussées vers l’avant afin de plaquer les omoplates sur le dos et de bomber légèrement celui-ci.
- Les serres d’aigles : Les doigts sont maintenus vigoureusement en position légèrement recourbée.
- L’étreinte du tigre : Même déployés les bras sont toujours légèrement fléchis, prêts à jaillir.
Les neuf mots :
- Trois POUSSÉES : Poussée de la tête vers haut, poussée de la langue vers l’avant (du palais), poussée des paumes en avant.
- Trois PRESSIONS: Pression des épaules, pression des extrémités (mains et pieds), pression des mâchoires.
- Trois ARCS : Arc du dos, arc des plantes de pieds, arc de la bouche du tigre (entre le pouce et l’index)
- Trois PERCEPTIONS : Perception des yeux, perception du coeur, perception des mains.
- Trois TENUES: Tenue du bas ventre, tenue du haut de la poitrine, tenue des épaules.
- Trois ABAISSEMENTS : Abaissement du Ch’i, abaissement des épaules, abaissement des coudes.
- Trois COURBURES : Courbure des genoux, courbure des coudes, courbures des épaules.
- Trois REDRESSEMENT : Redressement du dos, redressement de la nuque, redressement des articulations.
- Trois ÉTREINTES : Les bras étreignent la poitrine, le Ch’i étreint le nombril, le courage étreint le corps.
Ces recommandations varient légèrement d’un style, d’une école à l’autre mais elles traitent globalement des fondamentaux du Hsing-I et à ce titre constituent un corpus intéressant pour tous les pratiquants.