L’étude des armes en Sao-Lim Hood Khar Paï commence par le bâton (“chi mei kun” : ’le bâton qui arrive au sourcil’) puis le sabre large (“ta tao”) et enfin la lance (“chiang”) qui complète la trilogie de base. L’apprentissage débute par une phase de familiarisation avec l’objet. L’élève pratique seul des exercices de base (frappes, blocages etc.), puis apprend une « forme » qu’il va répéter inlassablement. L’arme doit devenir un prolongement naturel de son corps, capable de transmettre de la force et pourvu de sensibilité, au même titre qu’un bras ou une jambe. Lorsqu’il a atteint un niveau satisfaisant dans ce processus, l’élève entame la pratique avec partenaire. Il va développer sa mobilité, sa maîtrise de la distance et surtout son « écoute de l’autre ». Finalement il est prêt à aborder les techniques de combat proprement dites. Ces dernières lui inculqueront d’une façon schématisée les angles d’attaque et de défense, le timing, la tactique. Dès lors, c’est le travail intensif du pratiquant qui le libérera graduellement de la rigidité des techniques pour n’en conserver que l’essence. Il devra retrouver sa spontanéité – les principes fondamentaux n’étant plus un espace confiné mais un espace de liberté. Le bâton, le sabre et la lance procurent à eux trois un répertoire gestuel couvrant l’usage d’un vaste choix d’armes. Pourtant l’apprentissage se poursuit encore avec de nombreux objets plus ou moins contondants (épées, hallebardes, outils agricoles, meubles, etc.), afin que même pourvu d’un objet incongru, le pratiquant puisse instinctivement en tirer le meilleur parti pour sa défense.
Le bâton dans le SaoLim Hood Khar Paï
« Chi-may-Kun » (’Le bâton qui arrive au sourcil’)
Considéré dans les arts de combat chinois comme la mère de toutes les armes, le bâton est probablement une des premières armes qu’utilisa l’homme. C’est également le premier instrument que le pratiquant de Sao-Lim Hood Khar Paï étudie lorsqu’il a achevé sa formation de base dans le système à mains nues. Le « Chi-may-Kun » (’Bâton qui arrive au sourcil’) est par excellence le bâton du moine, du voyageur. Sa tactique est conçue pour faire face à de multiples assaillants. Les techniques sont donc assez proches de celles utilisées à mains nues : sobres, directes et puissantes. Tout le travail de base consiste à intégrer le bâton, élément rigide, dans les mouvements du corps qui doivent en être d’autant plus souples. Les deux extrémités de l’arme sont mises à profit, grâce à des mouvements de coulissement des mains, qui en augmentent l’énergie cinétique. Le travail du bâton requiert beaucoup d’humilité de la part du pratiquant, qui se voit obligé de collaborer avec un objet totalement rétif à l’usage de la force brute. Seule une union parfaite du corps de l’arme et de l’énergie permettent au combattant de décupler son potentiel grâce à l’apport d’un objet extérieur.
Le sabre dans le SaoLim Hood Khar Paï
« Go-liu-Tan-Toe » (’Les cinq feuilles de saule du sabre large’)
Le sabre (“ta tao”) à double courbure (en forme de « S ») est une arme dont la paternité semble revenir aux cavaliers mongols. L’extrémité de sa lame était massive. Grâce à la courbure du manche – qui place la lame quasiment dans le prolongement de l’avant-bras, un peu à la manière de la crosse d’un revolver – elle possédait une force de pénétration si redoutable que même les armures des chevaliers teutoniques n’y résistèrent pas, lorsque les hordes de Gengis Khan déferlèrent sur la Pologne. Quant à la courbure de la lame, typique des armes de cavalerie, elle est particulièrement adaptée aux coups de taille (tranchant) en raison de l’effet de frottement qu’elle induit. Par la suite ce type de sabre dota également les fantassins des armées impériales chinoises car il offrait un long tranchant tout en restant relativement compact grâce à sa double courbure, et partant, était bien adapté à la mêlée des champs de bataille. L’usage de cette arme dans le contexte civil (auto-défense, escorte de convois, etc.) influença sensiblement sa morphologie : plus d’armures ou de cuirasses à pourfendre, plus de bouclier à porter de la main gauche, mais en revanche, nécessité d’être plus rapide face à un ou des adversaires plus mobiles que des soldats cuirassés et absence de lanciers pour faire face aux armes longues… La lame va donc progressivement perdre de son épaisseur, spécialement dans le dernier tiers, afin de réduire son poids et augmenter sa maniabilité. Cette mutation aboutira au sabre dit « queue de boeuf », dont le bout de la lame est allégé au point d’acquérir une certaine flexibilité latérale, tout en conservant son redoutable tranchant. La limite de cette évolution étant dictée par la rigidité de lame minimum requise pour délivrer un coup d’estoque (piqué) ; les lames courbes nécessitant dans ce genre de techniques beaucoup plus de puissance pour pénétrer une cible que les lames droites. Les techniques de base du sabre de Sao Lim-Hood Khar Paï (regroupées dans le Tao “Goh-Liu-Tan-Toe” ’Les cinq feuilles de saule du sabre large’) sont directement conditionnées par la nature de cette arme (courte, maniable, tranchante etc.) et par le type de situations auxquelles elle est prédestinée (combat de groupe). Une grande importance est accordée aux déplacements de toutes sortes (sauts vrillés, roulades, marche accroupie etc.), car le sabreur doit être en mesure de réduire rapidement la distance qui le sépare d’un adversaire muni d’une arme longue, il doit pouvoir échapper aux coups d’une arme lourde, harceler le haut pour mieux attaquer le bas, attaquer devant en se protégeant derrière.
La lance dans le SaoLim Hood Khar Paï
« Saw-Owl-Chiang » (’La lance qui bloque la gorge’)
La lance est souvent surnommée par les Chinois « Reine de toutes les armes », car selon eux, elle peut les contrôler toutes. Dernière des trois armes de base du Sao-Lim Hood Khar Paï, la lance exige une excellente maîtrise corporelle. De la précision des déplacements dépend la gestion de la distance et des angles qui constituent l’essentiel de la tactique toute en fluidité et en finesse de cette arme. Sa pointe acérée ne requiert que peu de force pour occasionner des dégâts sévères et sa légèreté en fait une arme rapide, mais ces deux qualités essentielles se transforment en terribles handicaps pour qui n’est pas en mesure de maintenir la distance de combat ou tente de s’opposer aux attaques d’une arme plus lourde. Après avoir travaillé assidûment le « craché-avalé », (faire jaillir la lance et la ramener immédiatement), ainsi que le pas du fantôme qui permet d’esquiver et de dévier l’attaque adverse, le pratiquant de Sao-Lim Hood Khar Paï étudie la forme « Saw-Owl-Chiang » (’La lance qui bloque la gorge’). Cette forme combine fluidité et agilité des déplacements avec les attaques fulgurantes d’un fer de lance rapide comme un projectile.